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解放军文职招聘考试Mais

来源:长理培训发布时间:2017-10-03 00:00:34

 Mais, dans les moments les plus doux, victime d'un orgueil bizarre, il prétendit encore jouer le r?le d'un homme accoutumé à subjuguer des femmes: il fit des efforts d'attention incroyables pour gater ce qu'il avait d'aimable. Au lieu d'être attentif aux transports qu'il faisait na?tre, et aux remords qui en relevaient la vivacité, l'idée du devoir ne cessa jamais d'être présente à ses yeux. Il craignait un remords affreux et un ridicule éternel, s'il s'écartait du modèle idéal qu'il se proposait de suivre. En un mot, ce qui faisait de Julien un être supérieur fut précisément ce qui l'empêcha de go?ter le bonheur qui se pla?ait sous ses pas. C'est une jeune fille de seize ans, qui a des couleurs charmantes, et qui, pour aller au bal, a la folie de mettre du rouge.

Mortellement effrayée de l'apparition de Julien, Mme de Rênal fut bient?t en proie aux plus cruelles alarmes. Les pleurs et le désespoir de Julien la troublaient vivement. Même quand elle n'eut plus rien à lui refuser, elle repoussait Julien loin d'elle, avec une indignation réelle, et ensuite se jetait dans ses bras. Aucun projet ne paraissait dans toute cette conduite. Elle se croyait damnée sans rémission, et cherchait à se cacher la vue de l'enfer en accablant Julien des plus vives caresses. En un mot, rien n'e?t manqué au bonheur de notre héros, pas même une sensibilité br?lante dans la femme qu'il venait d'enlever, s'il e?t su en jouir. Le départ de Julien ne fit point cesser les transports qui l'agitaient malgré elle, et ses combats avec les remords qui la déchiraient.

Mon Dieu! être heureux, être aimé, n'est-ce que ?a? Telle fut la première pensée de Julien, en rentrant dans sa chambre. Il était dans cet état d'étonnement et de trouble inquiet où tombe l'ame qui vient d'obtenir ce qu'elle a longtemps désiré. Elle est habituée à désirer, ne trouve plus quoi désirer, et cependant n'a pas encore de souvenirs. Comme le soldat qui revient de la parade, Julien fut attentivement occupé à repasser tous les détails de sa conduite.

- N'ai-je manqué à rien de ce que je me dois à moi-même? Ai-je bien joué mon r?le?

Et quel r?le? celui d'un homme accoutumé à être brillant avec les femmes.

CHAPITRE XVI LE LENDEMAIN

He turn'd his lip to hers, and with his hand Call'd back the tangles of her wandering hair.

Don Juan. C. 1. st. 170 .

Heureusement, pour la gloire de Julien, Mme de Rênal avait été trop agitée, trop étonnée, pour apercevoir la sottise de l'homme qui en un moment était devenu tout au monde pour elle.

Comme elle l'engageait à se retirer, voyant poindre le jour: - Oh! mon Dieu, disait-elle, si mon mari a entendu du bruit, je suis perdue.

Julien, qui avait le temps de faire des phrases, se souvint de celle-ci:

-      Regretteriez-vous la vie?

-      Ah! beaucoup dans ce moment! mais je ne regretteraispas de vous avoir connu.

Julien trouva de sa dignité de rentrer exprès au grand jour et avec imprudence.

L'attention continue avec laquelle il étudiait ses moindres actions, dans la folle idée de para?tre un homme d'expérience, n'eut qu'un avantage; lorsqu'il revit Mme de Rênal à déjeuner, sa conduite fut un chef-d'oeuvre de prudence.

Pour elle, elle ne pouvait le regarder sans rougir jusqu'aux yeux, et ne pouvait vivre un instant sans le regarder; elle s'apercevait de son trouble, et ses efforts pour le cacher le redoublaient. Julien ne leva qu'une seule fois les yeux sur elle. D'abord, Mme de Rênal admira sa prudence. Bient?t, voyant que cet unique regard ne se répétait pas, elle fut alarmée: ?Est-ce qu'il ne m'aimerait plus, se dit-elle; hélas! je suis bien vieille pour lui; j'ai dix ans de plus que lui.?

En passant de la salle à manger au jardin, elle serra la main de Julien. Dans la surprise que lui causa une marque d'amour si extraordinaire, il la regarda avec passion, car elle lui avait semblé bien jolie au déjeuner; et, tout en baissant les yeux, il avait passé son temps à se détailler ses charmes. Ce regard consola Mme de Rênal; il ne lui ?ta pas toutes ses inquiétudes; mais ses inquiétudes lui ?taient presque tout à fait ses remords envers son mari.

Au déjeuner, ce mari ne s'était aper?u de rien; il n'en était pas de même de Mme Derville: elle crut Mme de Rênal sur le point de succomber. Pendant toute la journée, son amitié hardie et incisive ne lui épargna pas les demi-mots destinés à lui peindre, sous de hideuses couleurs, le danger qu'elle courait.

Mme de Rênal br?lait de se trouver seule avec Julien; elle voulait lui demander s'il l'aimait encore. Malgré la douceur inaltérable de son caractère, elle fut plusieurs fois sur le point de faire entendre à son amie combien elle était importune.

Le soir, au jardin, Mme Derville arrangea si bien les choses, qu'elle se trouva placée entre Mme de Rênal et Julien. Mme de Rênal qui s'était fait une image délicieuse du plaisir de serrer la main de Julien et de la porter à ses lèvres, ne put pas même lui adresser un mot.

Ce contretemps augmenta son agitation. Elle était dévorée d'un remords. Elle avait tant grondé Julien de l'imprudence qu'il avait faite en venant chez elle la nuit précédente, qu'elle tremblait qu'il ne v?nt pas celle-ci. Elle quitta le jardin de bonne heure, et alla s'établir dans sa chambre. Mais, ne tenant pas à son impatience, elle vint coller son oreille contre la porte de Julien. Malgré l'incertitude et la passion qui la dévoraient, elle n'osa point entrer. Cette action lui semblait la dernière des bassesses, car elle sert de texte à un dicton de province.

Les domestiques n'étaient pas tous couchés. La prudence l'obligea enfin à revenir chez elle. Deux heures d'attente furent deux siècles de tourments.

Mais Julien était trop fidèle à ce qu'il appelait le devoir, pour manquer à exécuter de point en point ce qu'il s'était prescrit.

Comme une heure sonnait, il s'échappa doucement de sa chambre, s'assura que le ma?tre de la maison était profondément endormi, et parut chez Mme de Rênal. Ce jour-là, il trouva plus de bonheur auprès de son amie, car il songea moins constamment au r?le à jouer. Il eut des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Ce que Mme de Rênal lui dit de son age contribua à lui donner quelque assurance.

- Hélas! j'ai dix ans de plus que vous! comment pouvezvous m'aimer? lui répétait-elle sans projet, et parce que cette idée l'opprimait.

Julien ne concevait pas ce malheur, mais il vit qu'il était réel, et il oublia presque toute sa peur d'être ridicule. La sotte idée d'être regardé comme un amant subalterne, à cause de sa naissance obscure, disparut aussi. A mesure que les transports de Julien rassuraient sa timide ma?tresse, elle reprenait un peu de bonheur et la faculté de juger son amant. Heureusement, il n'eut presque pas, ce jour-là, cet air emprunté qui avait fait du rendez-vous de la veille une victoire, mais non pas un plaisir. Si elle se f?t aper?ue de son attention à jouer un r?le, cette triste découverte lui e?t à jamais enlevé tout bonheur. Elle n'y e?t pu voir autre chose qu'un triste effet de la disproportion des ages.

Quoique Mme de Rênal n'e?t jamais pensé aux théories de l'amour, la différence d'age est, après celle de fortune, un des grands lieux communs de la plaisanterie de province, toutes les fois qu'il est question d'amour.

En peu de jours, Julien, rendu à toute l'ardeur de son age, fut éperdument amoureux.

Il faut convenir, se disait-il, qu'elle a une bonté d'ame angélique, et l'on n'est pas plus jolie.

Il avait perdu presque tout à fait l'idée du r?le à jouer. Dans un moment d'abandon, il lui avoua même toutes ses inquiétudes. Cette confidence porta à son comble la passion qu'il inspirait. Je n'ai donc point eu de rivale heureuse, se disait Mme de Rênal avec délices! Elle osa l'interroger sur le portrait auquel il mettait tant d'intérêt; Julien lui jura que c'était celui d'un homme.

Quand il restait à Mme de Rênal assez de sang-froid pour réfléchir, elle ne revenait pas de son étonnement qu'un tel bonheur existat, et que jamais elle ne s'en f?t doutée. Ah! se disait-elle, si j'avais connu Julien il y a dix ans, quand je pouvais encore passer pour jolie!

Julien était fort éloigné de ces pensées. Son amour était encore de l'ambition; c'était de la joie de posséder, lui pauvre être malheureux et si méprisé, une femme aussi noble et aussi belle. Ses actes d'adoration, ses transports à la vue des charmes de son amie, finirent par la rassurer un peu sur la différence d'age. Si elle e?t possédé un peu de ce savoir-vivre dont une femme de trente ans jouit depuis longtemps dans les pays plus civilisés, elle e?t frémi pour la durée d'un amour qui ne semblait vivre que de surprise et de ravissement d'amour-propre.

Dans ses moments d'oubli d'ambition, Julien admirait avec transport jusqu'aux chapeaux, jusqu'aux robes de Mme de Rênal. Il ne pouvait se rassasier du plaisir de sentir leur parfum. Il ouvrait son armoire de glace et restait des heures entières admirant la beauté et l'arrangement de tout ce qu'il y trouvait. Son amie, appuyée sur lui, le regardait; lui, regardait ces bijoux, ces chiffons qui, la veille d'un mariage, emplissent une corbeille de noce. 

责编:刘卓

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