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解放军文职招聘考试CHAPITRE X LA REINE MARGUERITE

来源:长理培训发布时间:2017-10-03 11:22:40

 CHAPITRE X LA REINE MARGUERITE

Amour! dans quelle folie ne parviens-tu pas à nous faire trouver du plaisir?

Lettre d'une religieuse portugaise .

Julien relut ses lettres. Quand la cloche du d?ner se fit entendre: Combien je dois avoir été ridicule aux yeux de cette poupée parisienne! se dit-il; quelle folie de lui dire réellement ce à quoi je pensais! mais peut-être folie pas si grande. La vérité dans cette occasion était digne de moi. Pourquoi aussi venir m'interroger sur des choses intimes! Cette question est indiscrète de sa part. Elle a manqué d'usage. Mes pensées sur Danton ne font point partie du service pour lequel son père me paye.

En arrivant dans la salle à manger, Julien fut distrait de son humeur par le grand deuil de Mlle de La Mole, qui le frappa d'autant plus qu'aucune autre personne de la famille n'était en noir.

Après d?ner, il se trouva tout à fait débarrassé de l'accès d'enthousiasme qui l'avait obsédé toute la journée. Par bonheur, l'académicien qui savait le latin était de ce d?ner. Voilà l'homme qui se moquera le moins de moi, se dit Julien, si, comme je le présume, ma question sur le deuil de Mlle de La Mole est une gaucherie.

Mathilde le regardait avec une expression singulière. Voilà bien la coquetterie des femmes de ce pays telle que Mme de Rênal me l'avait peinte, se dit Julien. Je n'ai pas été aimable pour elle ce matin, je n'ai pas cédé à la fantaisie qu'elle avait de causer. J'en augmente de prix à ses yeux. Sans doute le diable n'y perd rien. Plus tard, sa hauteur dédaigneuse saura bien se venger. Je la mets à pis faire. Quelle différence avec ce que j'ai perdu! quel naturel charmant! quelle na?veté! Je savais ses pensées avant elle, je les voyais na?tre, je n'avais pour antagoniste, dans son coeur, que la peur de la mort de ses enfants; c'était une affection raisonnable et naturelle, aimable même pour moi qui en souffrais. J'ai été un sot. Les idées que je me faisais de Paris m'ont empêché d'apprécier cette femme sublime. Quelle différence, grand Dieu! et qu'est-ce que je trouve ici? de la vanité sèche et hautaine, toutes les nuances de l'amour-propre et rien de plus.

On se levait de table. Ne laissons pas engager mon académicien, se dit Julien. Il s'approcha de lui comme on passait au jardin, prit un air doux et soumis, et partagea sa fureur contre le succès d' Hernani .

-      Si nous étions encore au temps des lettres de cachet!... dit-il.

-      Alors il n'e?t pas osé, s'écria l'académicien avec un gesteà la Talma.

A propos d'une fleur, Julien cita quelques mots des Géorgiques de Virgile, et trouva que rien n'était égal aux vers de l'abbé Delille. En un mot, il flatta l'académicien de toutes les fa?ons. Après quoi, de l'air le plus indifférent: - Je suppose, lui dit-il, que Mlle de La Mole a hérité de quelque oncle dont elle porte le deuil.

-      Quoi! vous êtes de la maison, dit l'académicien ens'arrêtant tout court, et vous ne savez pas sa folie? Au fait, il est étrange que sa mère lui permette de telles choses; mais, entre nous, ce n'est pas précisément par la force du caractère qu'on brille dans cette maison. Mlle Mathilde en a pour eux tous, et les mène. C'est aujourd'hui le 30 avril! et l'académicien s'arrêta en regardant Julien d'un air fin. Julien sourit de l'air le plus spirituel qu'il put.

Quel rapport peut-il y avoir entre mener toute une maison, porter une robe noire, et le 30 avril? se disait-il. Il faut que je sois encore plus gauche que je ne le pensais.

-      Je vous avouerai..., dit-il à l'académicien, et son oeilcontinuait à interroger.

-      Faisons un tour de jardin, dit l'académicien, entrevoyantavec ravissement l'occasion de faire une longue narration élégante.

-      Quoi! est-il bien possible que vous ne sachiez pas ce quis'est passé le 30 avril 1574?

-      Et où? dit Julien étonné.

-      En place de Grève.

Julien était si étonné, que ce mot ne le mit pas au fait. La curiosité, l'attente d'un intérêt tragique, si en rapport avec son caractère, lui donnaient ces yeux brillants qu'un narrateur aime tant à voir chez la personne qui écoute. L'académicien, ravi de trouver une oreille vierge, raconta longuement à Julien comme quoi, le 30 avril 1574, le plus joli gar?on de son siècle, Boniface de La Mole, et Annibal de Coconasso, gentilhomme piémontais, son ami, avaient eu la tête tranchée en place de Grève. La Mole était l'amant adoré de la reine Marguerite de Navarre; et remarquez, ajouta l'académicien, que Mlle de La Mole s'appelle Mathilde-Marguerite . La Mole était en même temps le favori du duc d'Alen?on, et l'intime ami du roi de Navarre, depuis Henri IV, mari de sa ma?tresse. Le jour du mardi-gras de cette année 1574, la cour se trouvait à Saint-Germain avec le pauvre roi Charles IX, qui s'en allait mourant. La Mole voulut enlever les princes ses amis, que la reine Catherine de Médicis retenait comme prisonniers à la cour. Il fit avancer deux cents chevaux sous les murs de Saint-Germain, le duc d'Alen?on eut peur, et La Mole fut jeté au bourreau.

Mais ce qui touche Mlle Mathilde, ce qu'elle m'a avoué elle-même, il y a sept à huit ans, quand elle en avait douze, car c'est une tête, une tête!... et l'académicien leva les yeux au ciel. Ce qui l'a frappée dans cette catastrophe politique, c'est que la reine Marguerite de Navarre, cachée dans une maison de la place de Grève, osa faire demander au bourreau la tête de son amant. Et la nuit suivante, à minuit, elle prit cette tête dans sa voiture, et alla l'enterrer elle-même dans une chapelle située au pied de la colline de Montmartre. 

责编:刘卓

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