- 讲师:刘萍萍 / 谢楠
- 课时:160h
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Sans qu'elle daignat le dire à personne, un accès de fièvre d'un de ses fils la mettait presque dans le même état que si l'enfant e?t été mort. Un éclat de rire grossier, un haussement d'épaules, accompagné de quelque maxime triviale sur la folie des femmes, avaient constamment accueilli les confidences de ce genre de chagrins, que le besoin d'épanchement l'avait portée à faire à son mari, dans les premières années de leur mariage. Ces sortes de plaisanteries, quand surtout elles portaient sur les maladies de ses enfants, retournaient le poignard dans le coeur de Mme de Rênal. Voilà ce qu'elle trouva au lieu des flatteries empressées et mielleuses du couvent jésuitique où elle avait passé sa jeunesse. Son éducation fut faite par la douleur. Trop fière pour parler de ce genre de chagrins, même à son amie Mme Derville, elle se figura que tous les hommes étaient comme son mari, M. Valenod et le sous-préfet Charcot de Maugiron. La grossièreté, et la plus brutale insensibilité à tout ce qui n'était pas intérêt d'argent, de préséance ou de croix; la haine aveugle pour tout raisonnement qui les contrariait, lui parurent des choses naturelles à ce sexe, comme porter des bottes et un chapeau de feutre.
Après de longues années, Mme de Rênal n'était pas encore accoutumée à ces gens à argent au milieu desquels il fallait vivre.
De là le succès du petit paysan Julien. Elle trouva des jouissances douces, et toutes brillantes du charme de la nouveauté, dans la sympathie de cette ame noble et fière.
Mme de Rênal lui eut bient?t pardonné son ignorance extrême qui était une grace de plus, et la rudesse de ses fa?ons qu'elle parvint à corriger. Elle trouva qu'il valait la peine de l'écouter, même quand on parlait des choses les plus communes, même quand il s'agissait d'un pauvre chien écrasé, comme il traversait la rue, par la charrette d'un paysan allant au trot. Le spectacle de cette douleur donnait son gros rire à son mari, tandis qu'elle voyait se contracter les beaux sourcils noirs et si bien arqués de Julien. La générosité, la noblesse d'ame, l'humanité lui semblèrent peu à peu n'exister que chez ce jeune abbé. Elle eut pour lui seul toute la sympathie et même l'admiration que ces vertus excitent chez les ames bien nées.
A Paris, la position de Julien envers Mme de Rênal e?t été bien vite simplifiée; mais à Paris, l'amour est fils des romans. Le jeune précepteur et sa timide ma?tresse auraient retrouvé dans trois ou quatre romans, et jusque dans les couplets du Gymnase, l'éclaircissement de leur position. Les romans leur auraient tracé le r?le à jouer, montré le modèle à imiter; et ce modèle, t?t ou tard, et quoique sans nul plaisir, et peut-être en rechignant, la vanité e?t forcé Julien à le suivre.
Dans une petite ville de l'Aveyron ou des Pyrénées, le moindre incident e?t été rendu décisif par le feu du climat. Sous nos cieux plus sombres, un jeune homme pauvre, et qui n'est qu'ambitieux parce que la délicatesse de son coeur lui fait un besoin de quelques-unes des jouissances que donne l'argent, voit tous les jours une femme de trente ans sincèrement sage, occupée de ses enfants, et qui ne prend nullement dans les romans des exemples de conduite. Tout va lentement, tout se fait peu à peu dans les provinces, il y a plus de naturel.
Souvent, en songeant à la pauvreté du jeune précepteur, Mme de Rênal était attendrie jusqu'aux larmes. Julien la surprit un jour, pleurant tout à fait.
- Eh! madame, vous serait-il arrivé quelque malheur?
- Non, mon ami, lui répondit-elle; appelez les enfants,allons nous promener.
Elle prit son bras et s'appuya d'une fa?on qui parut singulière à Julien. C'était pour la première fois qu'elle l'avait appelé mon ami.
Vers la fin de la promenade, Julien remarqua qu'elle rougissait beaucoup. Elle ralentit le pas.
- On vous aura raconté, dit-elle sans le regarder, que jesuis l'unique héritière d'une tante fort riche qui habite Besan?on. Elle me comble de présents... Mes fils font des progrès... si étonnants... que je voudrais vous prier d'accepter un petit présent comme marque de ma reconnaissance. Il ne s'agit que de quelques louis pour vous faire du linge. Mais... ajouta-t-elle en rougissant encore plus, et elle cessa de parler.
- Quoi, madame? dit Julien.
- Il serait inutile, continua-t-elle en baissant la tête, deparler de ceci à mon mari.
- Je suis petit, madame, mais je ne suis pas bas, repritJulien en s'arrêtant, les yeux brillants de colère, et se relevant de toute sa hauteur, c'est à quoi vous n'avez pas assez réfléchi. Je serais moins qu'un valet si je me mettais dans le cas de cacher à M. de Rênal quoi que ce soit de relatif à mon argent. Mme de Rênal était atterrée.
- M. le maire, continua Julien, m'a remis cinq fois trentesix francs depuis que j'habite sa maison, je suis prêt à montrer mon livre de dépenses à M. de Rênal et à qui que ce soit, même à M. Valenod qui me hait.
A la suite de cette sortie, Mme de Rênal était restée pale et tremblante, et la promenade se termina sans que ni l'un ni l'autre p?t trouver un prétexte pour renouer le dialogue. L'amour pour Mme de Rênal devint de plus en plus impossible dans le coeur orgueilleux de Julien; quant à elle, elle le respecta, elle l'admira, elle en avait été grondée. Sous prétexte de réparer l'humiliation involontaire qu'elle lui avait causée, elle se permit les soins les plus tendres. La nouveauté de ces manières fit pendant huit jours le bonheur de Mme de Rênal. Leur effet fut d'apaiser en partie la colère de Julien; il était loin d'y voir rien qui p?t ressembler à un go?t personnel. Voilà, se disait-il, comme sont ces gens riches, ils humilient, et croient ensuite pouvoir tout réparer par quelques singeries!
Le coeur de Mme de Rênal était trop plein, et encore trop innocent, pour que, malgré ses résolutions à cet égard, elle ne racontat pas à son mari l'offre qu'elle avait faite à Julien, et la fa?on dont elle avait été repoussée.
- Comment, reprit M. de Rênal vivement piqué, avez-vouspu tolérer un refus de la part d'un domestique? Et comme Mme de Rênal se récriait sur ce mot: - Je parle, madame, comme feu M. le prince de Condé, présentant ses chambellans à sa nouvelle épouse: ?Tous ces gens-là, lui dit-il, sont nos domestiques .? Je vous ai lu ce passage des Mémoires de Besenval, essentiel pour les préséances. Tout ce qui n'est pas gentilhomme, qui vit chez vous et re?oit un salaire, est votre domestique. Je vais dire deux mots à ce monsieur Julien, et lui donner cent francs.
- Ah! mon ami, dit Mme de Rênal tremblante, que ce nesoit pas du moins devant les domestiques!
- Oui, ils pourraient être jaloux et avec raison, dit son marien s'éloignant et pensant à la quotité de la somme.
Mme de Rênal tomba sur une chaise, presque évanouie de douleur! Il va humilier Julien, et par ma faute! Elle eut horreur de son mari, et se cacha la figure avec les mains. Elle se promit bien de ne jamais faire de confidences. Lorsqu'elle revit Julien, elle était toute tremblante, sa poitrine était tellement contractée qu'elle ne put parvenir à prononcer la moindre parole. Dans son embarras elle lui prit les mains qu'elle serra.
- Eh bien! mon ami, lui dit-elle enfin, êtes-vous content demon mari?
- Comment ne le serais-je pas? répondit Julien avec unsourire amer; il m'a donné cent francs. Mme de Rênal le regarda comme incertaine.
- Donnez-moi le bras, dit-elle enfin avec un accent decourage que Julien ne lui avait jamais vu.
Elle osa aller jusque chez le libraire de Verrières, malgré son affreuse réputation de libéralisme. Là, elle choisit pour dix louis de livres qu'elle donna à ses fils. Mais ces livres étaient ceux qu'elle savait que Julien désirait. Elle exigea que là, dans la boutique du libraire, chacun des enfants écriv?t son nom sur les livres qui lui étaient échus en partage. Pendant que Mme de Rênal était heureuse de la sorte de réparation qu'elle avait l'audace de faire à Julien, celui-ci était étonné de la quantité de livres qu'il apercevait chez le libraire. Jamais il n'avait osé entrer en un lieu aussi profane; son coeur palpitait. Loin de songer à deviner ce qui se passait dans le coeur de Mme de Rênal, il rêvait profondément au moyen qu'il y aurait, pour un jeune étudiant en théologie, de se procurer quelques-uns de ces livres. Enfin il eut l'idée qu'il serait possible avec de l'adresse de persuader à M. de Rênal qu'il fallait donner pour sujet de thème à ses fils l'histoire des gentilshommes célèbres nés dans la province. Après un mois de soins, Julien vit réussir cette idée, et à un tel point que, quelque temps après, il osa hasarder, en parlant à M. de Rênal, la mention d'une action bien autrement pénible pour le noble maire; il s'agissait de contribuer à la fortune d'un libéral, en prenant un abonnement chez le libraire. M. de Rênal convenait bien qu'il était sage de donner à son fils a?né l'idée de visu de plusieurs ouvrages qu'il entendrait mentionner dans la conversation, lorsqu'il serait à l'Ecole militaire, mais Julien voyait M. le maire s'obstiner à ne pas aller plus loin. Il soup?onnait une raison secrète, mais ne pouvait la deviner.
责编:刘卓
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